CLAUDE MATALOU
1924 / 2015
Claude MATALOU est né le 5 octobre 1924 ; il a quitté ce monde qui passe le 26 octobre 2015.
Ses débuts dans le métier sont passés par le Service du Cinéma aux Armées (ECPA), principalement au Fort d'Ivry. C'est tout d'abord la caméra qui occupe son temps sur les plateaux et il grimpe jusqu'au poste de chef opérateur. On peut retrouver son nom, à ce poste, dans le générique du film "Les Motards" de Jean Laviron, sorti en 1959, produit par Télé France Films. Avec Michel Canello, Claude Matalou et quelques autres, font de Télé France Films la nouvelle société de production de télévision TELFRANCE. Claude y assurera les postes de directeur de production, producteur exécutif, et siégera au conseil d'administration, tout au long de sa carrière. Il mettra au point un système de prise de vues (ancêtre des incrustations sur fond vert ou bleu) par projection d'une photo sur un écran à haut pouvoir réfléchissant, appellé TRANSFLEX, permettant de mêler les acteurs à un décor fictif, filmés en même temps. La Télévision n'est pas sa seule passion, il sera un sportif de haut rang, avec le basket, et dirigera le club U.S.V. au Vésinet, de très nombreuses années. Une salle de sport porte d'ailleurs son nom. Il sera aussi très longtemps le président de la patinoire.
Claude Matalou aux États-Unis pour le tournage de "La guerre des insectes" 1980
Ma première rencontre avec Claude Matalou, fut sur le tournage de "D'Artagnan amoureux" en 1976, un feuilleton, réalisé par Yannick Andréi et produit par Telfrance. Claude été un "patron" de première classe ! Toujours élégant, jusqu'au raffinement, il se tenait absolument droit comme un "i". On le voyait arriver un peu avant la fin de journée, apparaissant en bordure du plateau, discret, silencieux, observateur, un document sous le bras. Dès qu'il croisait votre regard vous pouviez savoir dans quelle disposition il était. Un sourcil légèrement incliné vous indiquait que s'il devait vous parler, il y avait quelque chose qui n'allait pas, parfois pas grand chose, mais il souhaitait toujours le tête à tête, plutôt que d'exposer à tous, ce qu'il avait à dire à l'un d'entre nous. Ma première "remontrance" (justifiée) de la part de Claude, fut à propos du clap. J'étais alors machiniste et le chef monteur avait signalé à Claude qu'il fallait que je trace bien mieux mes chiffres sur l'ardoise ! Claude me fit un petit signe d'un seul doigt, comme il en avait l'habitude, pour m'extraire du plateau et me faire venir jusqu'à lui. Très calme, il m'expliqua les remarques faites par Michel Hirtz, le monteur, en me demandant d'améliorer mon écriture ! Si l'horaire de tournage risquait d'être dépassé, Claude s'approchait du premier assistant réalisateur en relevant légèrement sa manche, faisant apparaître sa montre... Tout était dit ! Nous appréciions tous beaucoup notre directeur de production qui avait d'ailleurs des fonctions plus élevées vis à vis de Telfrance. Il était toujours attentif à son équipe, calmait les conflits, faissant preuve d'une autorité légitime. Si rien ne venait entraver la bonne marche du tournage, il se montrait complice, avec un sourire inimitable, charmeur et cependant toujours discret ; un esprit de famille régnait autour de lui. Mais lorsque l'un ou l'autre "augmentait le volume" dans des protestations un peu trop véhémentes, Claude ne se laissait pas impressionner, il savait aussi monter le ton et calmer le jeu rapidement. Comédiens, techniciens, tous avaient un grand respect pour Claude. On faisait partie de son équipe !
Philippe - 28 octobre 2015
Le temps des copains (1961)
Claude Matalou (à gauche), Jean-Jacques Guyard (au fond) et Jean-Paul Ferrari (à droite)